Dépistage et prévention du pied diabétique
Le « pied diabétique » est une complication grave du diabète de type 2, car il aboutit à des lésions cicatrisant mal, facilement infectées, pouvant nécessiter l’amputation. Il s’agit d’ulcérations, et du mal perforant plantaire caractérisé par son indolence, son aspect creusant sous une plaque d’hyperkératose, et son siège à la face plantaire de l’avant-pied. La prise en charge est axée sur le dépistage, l’évaluation du risque podologique, l’éducation, les mesures préventives et l’organisation de soins efficaces en cas de plaie.
Lorsqu’un patient se présente à l’officine pour un conseil à propos d’une lésion ou d’une modification du pied (hyperkératose, ongle, rougeur, mycose), il faut lui demander s’il est diabétique, et lui conseiller en ce cas de consulter rapidement son médecin.
Pour le dépistage, l’inspection des pieds à chaque consultation médicale recherche une déformation des pieds, des hyperkératoses (cals, callosités, cors), des petites plaies, une rougeur (érythème), une mycose ; une perturbation des appuis ; une neuropathie périphérique sensitive ; une artériopathie des membres inférieurs (AOMI).
Le risque podologique est gradé de 0 à 3, selon que le patient présente ou non une perte de la sensibilité, une AOMI, des kératoses, des déformations et/ou des troubles de la marche, un antécédent d’ulcération chronique du pied ou d’amputation. La gradation du risque permet d’intensifier la prise en charge. Au grade 0 (pas de neuropathie sensitive), une consultation médicale de dépistage par an est indispensable. Dès le grade 1 (neuropathie sensitive isolée), le suivi podologique est assuré par le médecin et par un pédicure-podologue qui examinent les pieds, le chaussage et la marche à chaque consultation. Le pédicure-podologue traite les hyperkératoses et délivre l’éducation sur l’auto-examen des pieds, les situations à risque, le chaussage, l’hygiène et l’entretien des pieds (ongles, hyperkératoses, mycoses). Au grade 2 (neuropathie sensitive et AOMI et/ou déformation du pied) s’ajoutent la prise en charge de l’AOMI éventuelle, les consultations de médecine physique et réadaptation et de podo-orthésistes pour corriger les anomalies biomécaniques (orthèses et chaussage approprié) ainsi que le recours à un réseau de santé. Enfin, au grade 3, le patient est appareillé et suivi en centre spécialisé.
L’équipe pluriprofessionnelle, organisée en structure spécialisée, est coordonnée par un endocrinologue-diabétologue ou un médecin formé à cette pathologie. Elle doit collaborer avec les professionnels de santé de premier recours, infirmières et pharmaciens en particulier ; des outils de suivi tels que le dossier informatisé partagé et le carnet de suivi permettent de formaliser la communication des professionnels œuvrant pour le patient. Enfin, les messages délivrés au patient et à son entourage auront un impact plus fort s’ils sont relayés par les pharmaciens de proximité. Par exemple, surveiller l’apparition de cors, durillons, ongles incarnés, mycose, douleur, rougeur ; soigner toute plaie même minime ; encourager une hygiène des pieds rigoureuse (eau tiède et savonnage, bien sécher), mettre de la crème hydratante peu grasse en cas de pieds secs ; éviter de marcher pieds nus et mettre des chaussures aérées et confortables ; encourager le port des orthèses en permanence, et des chaussures adaptées ; rappeler l’intérêt du suivi podologique régulier…
Véronique Canac