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Les infections à pneumocoque


Le pneumocoque peut être responsable de pathologies très diverses.

Streptococcus pneumoniae (ou pneumocoque) est une bactérie commensale du rhinopharynx, notamment chez l’enfant.(1) Elle peut facilement migrer et provoquer une infection locale : otite moyenne aiguë, sinusite ou infection respiratoire basse (pneumonie).(1)(2)

Au niveau pulmonaire, les pneumocoques sont essentiellement responsables de pneumonies franches lobaires aiguës. Les bronchopneumonies et les pneumonies interstitielles sont plus rares.(1) Les pneumocoques sont également responsables de :

L’infection devient invasive lorsqu’elle atteint un site normalement stérile : le sang (bactériémie ou septicémie), les méninges (méningite) ou une articulation (arthrite).(2) Ces infections invasives à pneumocoque peuvent être graves et nécessitent souvent une hospitalisation.(2)

FOCUS MÉNINGITE

Le pneumocoque est la première cause de méningite bactérienne chez l’enfant comme chez l’adulte.(1,2) Les séquelles (surdité ; handicap neurologique, paralysie par exemple) sont fréquentes, même après un traitement par des antibiotiques en milieu hospitalier.(1,3)

EN 2019, 355 CAS DE MÉNINGITES À PNEUMOCOQUE ONT ÉTÉ IDENTIFIÉS EN FRANCE

En général, c’est durant les mois de décembre, janvier, février et mars qu’est enregistré le plus grand nombre de cas.(4) La méningite à pneumocoque est observée à tout âge, mais concerne surtout les enfants avant 2 ans et les séniors (> 65 ans).(5)

Incidence des infections pneumococciques en fonction de l’âge (5) :

Profil de patients à risque

Les infections à pneumocoque ont un impact majeur en santé publique.
En France, on estime à 455 000 le nombre d’infections à pneumocoque chaque année.(1)  Ces infections peuvent être non invasives ou invasives. Par ailleurs, elles peuvent entraîner des hospitalisations longues dont plus de 40 % mobilisent les services de soins continus, de réanimation et de soins intensifs. * (2,11)

Infections invasives

Avec 1,2 millions de décès dans le monde en 2016, le pneumocoque représente un problème de santé publique majeur à l’échelle mondiale. (12) Les formes invasives peuvent atteindre le système nerveux central (méningites à pneumocoque) ou le poumon (pneumonies à pneumocoque). (1)
En 2019 en France, on estime à plus de 6 000 le nombre d’infections invasives à pneumocoque, soit une incidence de 10,5 cas pour 100 000 habitants, tous âges confondus. (13,14)
En outre, dans les pays industrialisés, le pneumocoque est la première cause de méningite bactérienne chez l’enfant de moins de 1 an. Ces méningites surviennent le plus souvent chez des enfants sans facteur de risque. (1)

Pneumonie

Le plus souvent due à une infection à pneumocoque, la pneumonie est responsable d’environ 6 x plus de décès que la grippe en France, chaque année. (15-18) Elle peut être non invasive (dite communautaire) ou invasive.
Près de la moitié des décès par pneumonie dans le monde sont liés aux pneumocoques, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, loin devant le virus respiratoire syncytial (3 % des décès), la grippe saisonnière (2,5 %) ou les infections à Haemophilus influenzae de type b (2 %) (données 2016, tous âges confondus). (12)
En France, l’incidence annuelle des pneumonies à pneumocoque est estimée entre 40 000 et 132 000 cas, avec 4 000 à 12 000 décès survenant en majeure partie chez des personnes âgées de plus de 65 ans. (19)

Co-infection grippale

Le pneumocoque est également un acteur important de co-infection pendant un épisode viral : dans une méta-analyse portant sur 27 études et 3 215 patients touchés par la grippe, 35 % des patients étaient co-infectés par Sreptococcus pneumoniae et 28 % par Staphylococcus aureus(20) 
Si la grippe saisonnière affecte jusqu’à 20 % de la population mondiale chaque année, une étude a suggéré que la majorité des 20 à 60 millions de décès survenus pendant la pandémie de 1918 serait attribuable à une surinfection bactérienne plutôt qu’à la grippe elle-même. (20)

Pathologie chronique ou immunodépression : des facteurs de risque constants

Aux États-Unis, une analyse issue des données de surveillance a montré que près de la moitié des cas d’infections invasives à pneumocoque survenaient chez des personnes atteintes d’une maladie chronique. (21)

Chez les patients présentant deux comorbidités ou plus (insuffisance cardiaque, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), diabète…), le risque d’infections à pneumocoque était similaire à celui décrit dans les populations à haut risque, tels que les patients immunodéprimés. (22)
Les comorbidités peuvent également avoir un impact sur l’évolution de l’infection invasive à pneumocoque : il a été montré dans une étude française que le risque de décès pouvait être augmenté jusqu’à environ 2 fois chez les personnes présentant plus de 2 comorbidités par rapport aux personnes présentant entre 0 et 2 comorbidités. (23)

FOCUS DIABÈTE

En 2020, 3,5 millions de français étaient traités pour un diabète. (24) En raison de leur capacité immunitaire altérée, les patients diabétiques sont plus à risque d’infections à pneumocoque. (25)

Dans une étude de cohorte ayant inclus plus de 100 000 sujets porteurs d’un diabète de type 1 (DT1) ou de type 2 (DT2) et plus de 200 000 sujets contrôle non-diabétiques appariés pour l’âge et le sexe, il a été montré que les personnes présentant un diabète avaient un taux significativement accru d’infection, avec un risque le plus important en ce qui concerne les infections osseuses et articulaires, les sepsis, les cellulites, les endocardites, et les pneumonies. (26)

Enfin, il a été montré dans une étude prospective française qu’en cas d’infection invasive à pneumocoque, le diabète était également un facteur indépendant de mortalité, notamment chez les personnes âgées de plus de 65 ans et celles ayant un indice de masse corporelle < 25 kg/m2. (27)

Pathologie chronique ou immunodépression : des facteurs de risque constants

Aujourd’hui en France, la primovaccination contre le pneumocoque est obligatoire chez tous les enfants nés à compter du 1er janvier 2018. (28) Les recommandations vaccinales particulières contre le pneumocoque concernent les patients immunodéprimés et les patients non immunodéprimés porteurs d’une maladie sous-jacente prédisposant à la survenue d’une infection invasive à pneumocoque, telles que les pathologies suivantes :

L’épidémiologie : un indicateur important pour la recherche de nouveaux vaccins

Les pneumocoques présentent une grande diversité : plus de 90 sérotypes ont été identifiés et sont définis par leur antigène capsulaire. Ces sérotypes diffèrent quant à leur virulence et leur profil de résistance vis-à-vis des antibiotiques. La vaccination anti-pneumococcique cible les sérotypes impliqués majoritairement dans les infections invasives(2)

La mise en place des programmes de vaccination antipneumococcique(28) a directement permis de diminuer les infections invasives à pneumocoque chez les enfants âgés de moins de 2 ans (- 48 % en 2018 en comparaison avec les années 1998/2002) et, indirectement par un effet d’immunité de groupe, chez les enfants plus âgés et les adultes (-4 à 55 %). (29) Néanmoins, cette diminution reste modérée au regard de la couverture vaccinale très élevée atteinte chez le nourrisson (plus de 99 % avec au moins 1 dose en 2018). (1,30)
Ceci pourrait-être dû à l’induction depuis l’introduction des vaccins contre les pneumocoques d’un phénomène de remplacement sérotypique ayant conduit à une augmentation des cas dus aux sérotypes non couverts par la vaccination. (1) Ainsi en France, les sérotypes vaccinaux ont quasiment disparu (à l’exception du sérotype 3) au profit d’autres sérotypes, dont le sérotype 24F à l’origine d’un nombre élevé de cas de méningites chez l’enfant de moins de 5 ans et de bactériémies. (4) Plusieurs autres sérotypes dont certains non vaccinaux sont en augmentation comme les sérotypes 9N, 10A, 15B/C, 23A et 23B. (4)
Ces modifications jouent un rôle important dans la diminution de l’incidence des infections invasives à pneumocoque observée dans l’ensemble de la population française. (4) Elles sont aussi à l’origine d’une diminution significative de la proportion de pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline. (4) Parmi les souches de pneumocoques responsables de méningites, la prévalence des pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline est ainsi passée entre 2001 et 2019 de 49 % à 33 %(4)
Le remplacement sérotypique est une problématique récente et qui fait l’objet d’un suivi attentif en France. (1) Son impact reste toutefois limité à ce jour au regard de la diminution des infections à pneumocoque permise par la mise en place des programmes vaccinaux notamment chez l’enfant. (1)

PNEUMOCOST: étude observationnelle prospective multicentrique menée sur 524 patients âgés de plus de 18 ans, hospitalisés en France (40 centres) pour une pneumonie communautaire à pneumocoque confirmée par radiographie (infection à pneumocoque confirmée microbiologiquement).


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