Coqueluche : souches circulantes et vaccination
Si le nombre de cas de coqueluche a fortement diminué depuis l’introduction de la vaccination, cette infection bactérienne respiratoire hautement contagieuse est toujours endémique dans le monde entier1,2.
La bactérie Bordetella pertussis, en grande majorité responsable de la maladie, continue de circuler en France et des cas surviennent chaque année1,3,4. Ces cas nécessitent presque systématiquement une hospitalisation chez les plus jeunes3. Entre 2013 et 2021, parmi les hospitalisations en France pour coqueluche chez les moins de 12 mois, 66 % concernaient des nourrissons de moins de 3 mois partiellement protégés par la vaccination5.
L’enjeu actuel de la politique de vaccination française est de réduire les formes sévères, les hospitalisations et les décès liés à la coqueluche qui surviennent essentiellement chez les enfants de moins de 6 mois6.
Dans votre pratique, plusieurs questions sur la coqueluche peuvent se poser. Ci-dessous des réponses courtes à vos questions et notre brochure à télécharger : « Zoom sur la coqueluche » :
Comment évoluent les souches de Bordetella pertussis ?
Comment évoluent les souches de Bordetella pertussis ?
Bordetella pertussis, exprime différentes protéines : les adhésines, qui permettent l’adhésion de la bactérie sur les cellules de l’hôte, et les toxines, qui induisent des effets cytopathogènes. Les principales adhésines sont l’hémagglutinine filamenteuse (FHA), la pertactine (PRN), et les protéines fimbriales de type 2 (FIM2) et de type 3 (FIM3).7
Seule la toxine PT et les adhésines FHA, PRN, FIM2 et FIM3 entrent dans la composition de vaccins utilisés actuellement en France. 7
Une évolution des populations de B. pertussis a été mise en évidence en France par le centre national de référence (CNR) de la coqueluche et autres bordetelloses. Cette évolution se traduit notamment par la perte d’expression de la PRN principalement. Il est donc important de surveiller ce phénomène, qui impacte potentiellement l’efficacité vaccinale.7
Comment diagnostiquer la coqueluche ?
Comment diagnostiquer la coqueluche ?
Il existe plusieurs critères cliniques pour établir le diagnostic de la coqueluche : signes discrets d’infection des voies respiratoires supérieures (rhinite, toux légère) les 4 à 6 premiers jours, une toux évoluant depuis plus de 7 jours, à prédominance nocturne et souvent quinteuse (accès violents et répétés de toux, sans reprise inspiratoire efficace). Ces accès peuvent entrainer des vomissements, une turgescence du visage, une rougeur conjonctivale, une cyanose et une reprise inspiratoire sonore comparable au chant du coq 1.
Quelle est la conduite à tenir en cas de coqueluche ?
Quelle est la conduite à tenir en cas de coqueluche ?
Le traitement repose essentiellement sur la prescription d’antibiotiques (de la famille des macrolides) dans les 3 premières semaines d’évolution. Il permet de réduire rapidement la contagiosité permettant un retour en collectivité après 3 à 5 jours de traitement en fonction de l’antibiotique utilisé. Cependant, l’effet de l’antibiothérapie sur l’évolution de la maladie n’est pas démontré.1
Chez les enfants de 0 à 3 mois, l’hospitalisation est fortement recommandée, pour mettre en place une surveillance cardio-respiratoire et un nursing adapté 1.
Quelles sont les recommandations vaccinales en France, pour les nourrissons éligibles à la vaccination ?
Quelles sont les recommandations vaccinales en France, pour les nourrissons éligibles à la vaccination ?
La primo-vaccination (deux injections suivies d’un rappel) est obligatoire pour tous les enfants nés depuis le 1er janvier 2018 6.
La vaccination des nourrissons comporte une primovaccination comprenant deux injections à deux mois d’intervalle, à l’âge de 2 mois (8 semaines) et 4 mois, suivies d’une dose de rappel à l’âge de 11 mois. Ce schéma ne doit pas être différé6.
La vaccination contre la coqueluche est pratiquée aujourd’hui, principalement avec un vaccin hexavalent, vaccin coqueluche acellulaire combiné à d’autres valences6.
Ces vaccins hexavalents disponibles en France contiennent8 :
- Soit 2 composants coqueluche : PT + FHA
- Soit 3 composants coqueluche : PT + FHA + PRN
- Soit 5 composants coqueluche : PT + FHA + PRN + FIM2 + FIM3
Pour plus d’informations sur l’ensemble des recommandations pour la coqueluche, se référer au calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales en vigueur.
Comment protéger les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés (0 à 2 mois) ?
Comment protéger les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés (0 à 2 mois) ?
Afin d’assurer une protection optimale du nouveau-né, la HAS recommande la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée (SA), pour augmenter le transfert actif transplacentaire des anticorps maternels5,6.
La vaccination pendant la grossesse peut se faire avec un vaccin tétravalent à dose réduite (dTcaP). Parmi les vaccins tétravalents dTcaP, disponibles en France, seuls 2 vaccins ont une AMM pour l’administration chez la femme enceinte. Ils contiennent5,8 :
- Soit 3 composants coquelucheux : PT + FHA + PRN
- Soit 5 composants coquelucheux : PT + FHA + PRN + FIM2 + FIM3
Cette vaccination doit être effectuée à chaque grossesse5,6. Une femme ayant été vaccinée contre la coqueluche avant sa grossesse doit également être vaccinée pendant la grossesse pour que les anticorps transférés par passage transplacentaire puissent protéger efficacement le nouveau-né5,6.
Pour plus d’informations sur l’ensemble des recommandations pour la coqueluche, se référer au calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales en vigueur.
PT : toxine de pertussis
FHA : hémagglutinine filamenteuse
PRN : pertactine
FIM : protéines fimbriales de type 2 (FIM2) et de type 3 (FIM3)
Retrouvez plus d’informations en téléchargeant la brochure « Zoom sur la coqueluche »
Références
(1) Santé Publique France. Coqueluche. 26 juin 2019. En ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/coqueluche/la-maladie/#tabs. (Consulté le 13/12/2023).
(2) Organisation Mondiale de la Santé. Coqueluche. Normes de surveillances des maladies évitables par la vaccination. Septembre 2018. En ligne : https://www.who.int/fr/publications/m/item/vaccine-preventable-diseases-surveillance-standards-pertussis (Consulté le 13/12/2023).
(3) Santé Publique France. Coqueluche : notre action. 8 décembre 2022. En ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/coqueluche/notre-action/#tabs (Consulté le 13/12/2023).
(4) Santé Publique France. Coqueluche : données. 8 décembre 2022. En ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/coqueluche/donnees/#tabs (Consulté le 13/12/2023).
(5) Haute Autorité de Santé. Recommandation vaccinale contre la coqueluche chez la femme enceinte. Avril 2022.
(6) Calendrier vaccinal en vigueur disponible sur https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/vaccination/calendrier-vaccinal
(7) Institut Pasteur. Rapport annuel d’activité du Centre National de Référence de la Coqueluche et Autres Bordetelloses – Années 2017-2021.
(8) VIDAL. Vaccination et évolution des bacilles de la coqueluche. 11 octobre 2021. En ligne : https://www.vidal.fr/actualites/28063-vaccination-et-evolution-des-bacilles-de-la-coqueluche.html (Consulté le 13/12/2023).