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Formation des professionnels de santé à la médecine du futur

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La médecine du futur verra apparaître de nouveaux domaines d’études scientifiques mais également une refonte du système de santé, notamment avec un parcours de soin différent de ce que nous connaissons aujourd’hui. Dans cette constante mutation de la médecine, de nouveaux métiers, qui n’existent pas encore, devront répondre à des besoins spécifiques et interdisciplinaires1. De ce fait, une évolution de la formation des professionnels de santé et soignants est nécessaire pour prendre en compte tous ces changements1. Dès les premières années d’études et avec un suivi tout au long du parcours professionnel, l’accent devra être mis sur une nouvelle forme d’enseignement de la médecine. L’idée étant de pousser chaque acteur de santé vers l’innovation permanente, la remise en cause des certitudes et des façons de faire2. Dans cet objectif, une refonte des études de santé a déjà commencé dès la rentrée 2020, notamment par le remplacement de la PACES par la PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) et la L.AS (Licence « Accès Santé »)3.

Des formations multidisciplinaires mettant l’accent sur les innovations

Les maîtres mots des nouvelles formations devront être : multidisciplinarité, multifactorialité et transversalité (1).

En effet, de nouveaux métiers interdisciplinaires émergeront certainement, en particulier dans l’ingénierie de la santé (ingénieur de parcours de soin, de gestion de plateforme de flux de patients)1. Dans cette optique, des futurs professionnels pourront être formés dans le cadre de masters multidisciplinaires1. Ceci passe notamment par la création de nouvelles passerelles entre études médicales et non-médicales, la présence d’enseignants provenant de diverses disciplines ou encore l’incitation des étudiants à faire des doubles-cursus comme ingénieur-médecin, avec une formation médicale plus courte et une spécialisation de la formation ingénieur1.

Formation aux innovations technologiques et scientifiques

Des nouveaux axes de formation sur l’innovation, la valorisation et le développement préindustriel devront être mis en place dans les universités1 (centre de formation et organisme de formation). Pour ce faire, les futurs professionnels de santé devraient avoir la possibilité de faire des stages dans les industries, comme les ingénieurs devraient pouvoir en faire dans les services hospitaliers1. De la même manière, des enseignements seront très probablement donnés sur les avancées technologiques ainsi que sur les vecteurs d’innovations scientifiques qui toucheront la médecine du futur, comme la génomique, la robotique, la médecine régénérative, la microfluidique , la médecine intégrative ou encore l’intelligence artificielle1,4.

La bonne réponse est C : La médecine intégrative est une approche thérapeutique prenant en compte le patient dans sa globalité, et ne cherchera plus à cibler seulement les maux physiques. Par exemple dans le cadre du cancer, face aux multiples stratégies déployées par les cellules cancéreuses pour contourner, résister et échapper aux traitements, chercheurs et médecins se tournent de plus en plus vers une approche intégrée au plus proche de l’intelligence de la maladie. Elle croise tout ce qui est connu, de la biologie de la tumeur et de son environnement, ainsi que toutes les disciplines disponibles (intelligence artificielle, imagerie médicale, réalité virtuelle, médecines alternatives, médecine douce) pour mieux définir la stratégie thérapeutique adaptée.4

Formation à la médecine prédictive

Les données de santé , générées par les patients, obtenues ces dernières années vont nous amener progressivement à l’ère de la médecine prédictive et préventive. En 2030, les professionnels de santé devraient être capables de prédire le développement de telle ou telle maladie et d’agir préventivement sur les populations à risque. Ainsi, la mutualisation des données de santé dans le monde entier permettra la création et l’utilisation d’algorithmes d’aide à la décision. Ces algorithmes permettant de prendre des décisions plus appropriées et plus pertinentes seront certainement des éléments importants du quotidien des futurs professionnels de santé auxquels ils devront être formés.4

Formation à la e-santé et télémédecine1

La médecine du futur intégrera totalement le numérique. On parle de e-santé pour tout ce qui contribue à la transformation numérique du système de santé et du secteur médico-social, et qui permet d’améliorer l’accès aux soins, la qualité de la prise en charge, la relation, et l’autonomie des patients (grâce à l’utilisation d’applications numériques)2. La télémédecine, quant à elle, est une pratique médicale à distance mettant en rapport un ou plusieurs professionnels de santé avec un patient (téléconsultation, télé-expertise, télésurveillance médicale…)2. Ainsi, le développement massif de la e-santé et de la télémédecine dans le futur devrait faire partie intégrante de la formation des professionnels de santé4.

Une formation en continu tout au long du parcours professionnel

Pour les acteurs de la santé déjà formés, la diffusion des innovations et des savoirs est un enjeu crucial de la médecine du futur1. Aujourd’hui, la formation professionnelle continue, appelée aussi formation professionnelle tout au long de la vie (FPTLV), existe déjà. Elle est légiférée mais devra sûrement être renforcée dans les années à venir pour tenir compte de l’accélération de l’apparition des innovations. L’objectif de la FPTLV est d’éduquer en permanence les professionnels de santé pour leur permettre de s’adapter aux changements des techniques et des conditions de travail5. En ce sens, il existe un programme (non obligatoire), le programme DPC (Développement Professionnel des Compétences) qui s’inscrit dans une démarche continue d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins6. Le programme DPC associe deux activités : l’analyse des pratiques professionnelles et l’acquisition/le perfectionnement des connaissances/ compétences6. Dans le futur, des « ambassadeurs de la technologie expérimentée » issus des établissements ayant développé des innovations iront probablement dans les autres hôpitaux pour faciliter leurs diffusions. Ce rôle, existant déjà en Allemagne, devrait ainsi être développé et intégré à la formation des soignants1.

Nouveaux métiers et nouveaux rôles des professionnels de santé

Les nouveaux métiers de la santé

La nouvelle organisation du système de santé, l’évolution du parcours de soins et les innovations thérapeutiques perpétuelles sont autant de raisons de voir apparaître de nouveaux métiers dans le domaine de la santé. Ainsi, botirurgien (chirurgien assisté par un robot), poidologue (spécialiste de dispositifs détectant et limitant l’obésité), psychogérontologue (psychologue spécialisé dans les problématiques des personnes très âgées), … pourraient être les nouveaux métiers de demain7.

La profession de médecin, le métier d’infirmier, pharmaciens, resteront les métiers phares mais verront vraisemblablement leurs missions et leurs rôles évoluer4. Chaque profession sera plus ou moins impactée. Il sera sûrement nécessaire d’adapter leurs formations, notamment pour les ouvrir aux nouveaux métiers de la santé.

Réponse
Bonne réponse : B Il s’agira d’un pilote de drone-ambulance. Demain, des drones voleront au secours de notre santé. Ils nous apporteront un défibrillateur ou un kit de secours. Si nous sommes blessés, ils nous emmèneront vers l’hôpital. Un développeur de dispositifs ludiques soignant différentes pathologie s’appellera un jeuronthologue et un concepteur de coups de pouce pour améliorer notre santé sera un nudgeur.7

Qu’en est-il des pharmaciens et des infirmiers de demain ?

Le pharmacien de demain jouera un rôle croissant dans la prise en charge des patients et de leurs pathologies. Il devra être ainsi formé au dépistage des maladie, au suivi de vaccination, à la réalisation de bilans de médication pour savoir juger du renouvellement et de l’adaptation de certains traitements en pharmacie. Il devra apprendre également à suivre des patients atteints de maladies chroniques par la mise en place d’entretiens d’accompagnement et de suivi, en lien avec les médecins traitants4.

Les infirmiers du futur, quant à eux, seront certainement les plus concernés par l’évolution du système de santé. Ils ne seront plus là uniquement pour procurer des soins selon les prescriptions, ils seront pleinement acteurs de santé4. On voit ainsi apparaître des IPA (infirmiers en pratique avancée) qui auront des formations plus poussées, notamment sur les nouvelles technologies et donc des compétences élargies. Ils peuvent réaliser des actes médicaux initialement réservés aux médecins. Ceci permet de soulager les médecins et de pouvoir agir dans les déserts médicaux. Depuis 2018, des IPA sont déjà formés dans certaines universités françaises4.

Réponse
Bonne réponse : A C’est bien le nom d’un nouveau modèle de la pratique infirmière débutée aux Pays-Bas. Buurtzorg signifie « soin de quartier». La méthode Buurtzorg repose sur quatre principes : 4 Une approche holistique (qui regroupe tous les types de soins à effectuer)
du patient et du soin ; chaque professionnelle est donc une généraliste, capable d’effectuer les différents soins requis:
L’autonomie et la coordination locale des infirmières, qui travaillent en petite équipe
La réduction de la partie administrative (notamment grâce à l’informatique)
Le pari du développement de l’autonomie progressive des patients.

Les « patients-experts », une nouvelle profession de santé ?

Les patients qui s’instruisent sur les maladies et qui interagissent entre eux développent une certaine forme de connaissance des maladies qui leur est propre4. La médecine du futur accordera très certainement un rôle de plus en plus important à ces « patients-experts » ou « patients-partenaires », ou encore appelé « actients », qui souhaitent devenir des acteurs de leur propre santé1,2,4.

Tout le secteur médical aura ainsi l’obligation d’impliquer davantage les patients dans les décisions, les programmes et les procédures qui les concernent directement. Cette affirmation des patients dans le système de santé passe notamment par les associations de patients qui seront davantage présentes à l’avenir.

En parallèle, les acteurs de santé devront faire preuve de pédagogie et de transparence à leur égard1,4. Par ailleurs, l’Université des patients représente une piste concrète pour un système de santé novateur. Ce type de cursus donnera accès à une formation diplômante pour les patients qui pourront dorénavant participer à la formation des acteurs de santé en tant que « patients formateurs ». Ce modèle d’universités (centre de formation et organisme de formation) existe déjà mais pourrait être développé1,4.


Définitions

Médecine regénérative : ou “médecine régénératrice” a pour but de réparer des lésions en régénérant les zones endommagées par la transplantation de nouveau tissu cellulaire.

Microfluidique : science et technique de manipulation des fluides à l’échelle micrométrique (de l’ordre du millième de millimètre).

Médecine intégrative : recours simultané à la médecine fondée sur les preuves scientifiques et aux traitements alternatifs et complémentaires, dans le cadre du suivi d’une maladie chez un patient.


(1) Pr André Syrota et Olivier Chaumeil – 5 propositions pour la médecine du futur. Edition du 26/04/2017
(2) Adecco Médical. Livre blanc informatif. Santé numérique : quelles (r)évolutions pour demain ?
(3) Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation – Pourquoi réformer les études de santé Accessible sur : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/pourquoireformer-les-etudes-de-sante-50930 Consulté le 24/11/2021
(4) LEEM – Santé 2030 une analyse prospective de l’innovation en santé. Edition 2020
(5) HAS – Fiche méthode : Développement professionnel continu (DPC). Mai 2014 Accessible sur : https://www.has-sante.fr/jcms/c_2811693/fr/la-formationprofessionnelle-tout-au-long-de-la-vie-des-professionnels-de-sante-paramedicaux
(6) HAS – Développement professionnel continu (DPC) : Méthode et modalité du DPC. Janvier 2014. Accessible sur : https://www.has-sante.fr/jcms/c_2812251/fr/methodes-et-modalitesde-dpc
(7) Les propulseurs. Les métiers du futur de la santé.

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