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Complications du diabète de type 2 : une question d’âge ?

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Diabète chez le sujet âgé : le pronostic s’assombrit, mais seulement s’il est présent depuis longtemps

Plusieurs études de très grande envergure, typiquement des registres nationaux, ont clairement montré que l’enjeu majeur vis-à-vis des années de vie perdues du fait du diabète concernait les générations jeunes : les trentenaires, quadragénaires, voire quinquagénaires diabétiques de type 2 sont les vrais perdants du diabète. A contrario, pour les personnes âgées , les conséquences du diagnostic de diabète sont moins sévères.

C’est cohérent avec ce que rapporte cette autre observation, issue du suivi de la longue et conséquente étude épidémiologique ARICS (Atherosclerosis Risk in Communities Study), qui a inclus des personnes âgées de 66 à 90 ans :

Si le pronostic, une fois ajusté sur les facteurs de risque classiques dont l’âge, est sans surprise plus mauvais chez les patients avec diabète ancien (mortalité toutes causes presque doublées par rapport au groupe des non-diabétiques, HR=1,71 [IC95% de 1,40 à 2,10], idem pour la mortalité cardio-vasculaire), elle n’est pas significativement augmentée pour les prédiabétiques, les diabétiques nouvellement diagnostiqués ou de courte durée de diabète, (1) !

Pourquoi le diabète de type 2 à début précoce semble-t-il plus grave que lorsque le diagnostic est posé chez un patient âgé ?

Le diabète de type 2 obère l’espérance de vie, mais pas de façon homogène : il est de bien plus sombre pronostic quand le diagnostic est fait à la cinquantaine et pire encore à la quarantaine.

Parce que le diabète aura le temps d’établir les bases des complications chroniques ? Sans doute, mais on sait que ce qui fait la force motrice des complications, c’est la combinaison du temps et de la sévérité du mauvais contrôle des facteurs de risque.

 Or, c’est la double peine pour ces jeunes patients. Non seulement la durée du diabète va s’étendre, mais dès les premières années, selon cette analyse observationnelle des riches et vastes registres suédois, les facteurs de risque seront plus graves chez les jeunes : ils auront un IMC plus élevé (à huit ans post diagnostic), leur HbA1c  sera plus élevée de 0,5%, et leur dyslipidémie (HDL, triglycérides élevés) plus sévère.

De plus, ils recevront moins fréquemment et à dose efficace les médicaments réputés cardioprotecteurs comme les statines. Le diabète de type 2 diagnostiqué en dessous de 50 ans devrait bénéficier d’une “super-ALD” et être au cœur de la prise en charge spécialisée multidisciplinaire (2).

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Arrivée à 75 ans, une personne diagnostiquée diabétique de type 2 jeune aura passé 100 jours de sa vie en hospitalisation  

Plusieurs études épidémiologiques ont modélisé le fardeau que représente le diabète de type 2 en termes d’espérance de vie : si un diagnostic à plus de 70 ans est associé avec la survenue d’évènements morbides (infarctus, hospitalisations, etc.) et une qualité de vie altérée, l’impact sur l’espérance de vie est mineur.

En revanche, le diabète de type 2 diagnostiqué avant 40 ans “coûte” six à huit ans de vie. Mais ce n’est pas tout. L’exploitation d’un vaste registre de soins à Hong Kong (transposabilité des conclusions en Occident ?) révèle que le fardeau cumulé pour ces patients diagnostiqués jeunes a d’autres aspects : par exemple, à l’âge de 60 ans, les individus diagnostiqués à 34 ans auront eu deux fois plus d’hospitalisations que les patients diagnostiqués à 54 ans. Les hospitalisations pour maladie grave du rein auront été 7 fois plus fréquentes chez les personnes avec diagnostic précoce. En termes absolus, arrivée à 75 ans, une personne diagnostiquée diabétique de type 2 jeune aura passé 100 jours de sa vie en hospitalisation(3).

Plus surprenant peut-être, à l’âge de 40 ans, plus du tiers des hospitalisations des diagnostiqués jeunes auront eu trait à une psychose ou autre maladie mentale. On se doute qu’il y a de nombreux biais derrière ces chiffres et que le diabète précoce est un révélateur de situations pathologiques graves, au-delà des manifestations métaboliques et des complications du diabète.  Mais cela incite tout de même à différer, dans la mesure du possible, la survenue de ce diabète et de l’identifier clairement quand il est là.

Définitions :

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Références :

(1)Tang O et al. Diabetes Care. 2020 Feb ; 43 (2): 382–388.[Article en accès libre.]

(2)Steinarsson AO et al. Diabetologia. 2018 Mar; 61(3): 599–606.[Article en accès libre.]

(3)Ke C et al. Ann Intern Med. 2019 Jan 15; 170(3): 145-54.[Article en accès libre.]