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Recherche de biomarqueurs sur métastases osseuses : l’expertise du Centre Jean Perrin


Dans cette vidéo tournée au Centre Jean Perrin de Clermont-Ferrand, le Dr Marie-Ange Mouret-Reynier, cancérologue, échange avec le Pr Frédérique Penault-Llorca, anatomopathologiste, autour d’un cas clinique impliquant une rechute osseuse d’un cancer du sein triple négatif.

Ce dialogue met en lumière les conditions pour analyser efficacement les biomarqueurs sur biopsie osseuse, en particulier PD-L1, HER2 et les récepteurs hormonaux.

Pourquoi et comment analyser une métastase osseuse ?

Cas clinique : quand la biopsie osseuse s’impose

Une patiente ayant présenté un cancer du sein triple négatif rechute avec une métastase osseuse accessible. L’indication : vérifier l’expression de PD-L1 pour envisager une immunothérapie.

Objectif : une analyse complète malgré un prélèvement osseux

L’analyse des biomarqueurs sur une biopsie osseuse est tout à fait réalisable, à condition d’appliquer un protocole adapté. Une décalcification douce, non agressive pour les sites antigéniques, est indispensable pour préserver l’expression des récepteurs hormonaux (RH), HER2 et PD-L1.

Ce traitement, bien que plus long qu’une décalcification acide (environ 3 à 4 jours), permet d’obtenir des résultats interprétables en immunohistochimie, même sur tissu osseux. Il représente une solution fiable lorsque la métastase osseuse est la seule lésion accessible pour un nouveau profilage tumoral.

Adapter le protocole de décalcification pour préserver les antigènes

Anticipation = succès du diagnostic

Prévenir le laboratoire en amont du protocole permet de :

Un délai à connaître pour les cliniciens

La décalcification douce prend 3 à 4 jours, portant le délai total de rendu à environ 1 semaine.

Lecture du PD-L1 sur biopsie osseuse : points de vigilance

Comprendre le score CPS (Combined Positive Score)

Le score CPS PD-L1 prend en compte :

À éviter : compter des cellules inflammatoires en dehors du microenvironnement tumoral, notamment dans la moelle ou les ganglions.

Variabilité selon la zone prélevée

La zone anatomique ciblée lors du prélèvement joue un rôle déterminant dans la qualité du score PD-L1 obtenu. En fonction de la localisation — centre tumoral ou périphérie — la densité de l’infiltrat inflammatoire peut varier, ce qui influence la lecture du score CPS, qui prend en compte les cellules tumorales et immunitaires en contact direct.

Un prélèvement effectué en périphérie de la tumeur est généralement plus représentatif, car il reflète mieux l’interaction entre la tumeur et son microenvironnement immunitaire. À l’inverse, un prélèvement trop central peut sous-estimer l’expression de PD-L1, du fait d’une moindre présence de cellules immunitaires.

Biomarqueurs sur pièce opératoire vs biopsie : que privilégier ?

CritèreBiopsie osseusePièce opératoire
DélaiCourt (1 semaine)Plus long
ReprésentativitéParfois limitéePlus globale
Facilité d’interprétationMoins longPlus exigeant
Pertinence pour PD-L1Dépend de la zone prélevéeMeilleure vision d’ensemble

En pratique, la biopsie est souvent le seul matériel disponible, notamment en rechute. Lorsque possible, l’analyse sur pièce reste la référence.

Assurance qualité et formation continue

Des lectures complexes, un besoin d’expertise

L’interprétation du PD-L1 dans les métastases nécessite :

« Le plus dur, c’est dans les ganglions où l’on distingue mal cellules tumorales et cellules immunitaires. »

À retenir : bonnes pratiques pour les cliniciens prescripteurs